Il entreprend aussi pas mal de projets collectifs qui vont mettrent en valeur le travail d'artistes qu'il affectionne. En premier lieu avec Collection qu'il conçoit avec une bande d'amis artistes qui est une des revues les plus intéressante qui soit. Au sommaire on y retrouve une belle ouverture sur différentes pratiques du dessin contemporain.
Depuis peu il a entrepris avec Alexis Beauclair, Bettina Henni et toujours Séverine Bascouert une revue de BD ( avec un peu de dessin) Lagon qui a fait beaucoup parler d'elle et dont le 2ème opus (sous un autre nom) est dores et déjà fort attendu.
C'est aussi quelqu'un de curieux qui se tient très au fait de l'actualité de la BD tout azimut. Avec lui j'échange régulièrement sur le sujet. On se prête des bouquins et on parle pendant des heures au lieu de travailler.
Bref il me semble naturel dans le cadre de ce panorama d'aller recueillir son avis sur un sujet qui le travaille en permanence. D'autant que son implication et son exigence quand il s'engage est totale. Une qualité que je ne peut qu'apprécier.
sammystein.fr
sammyste.tumblr.com
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RANDOM d’Abdelkader Benchamma
France - 2014 – co-édition l’Association, le FRAC d’Auvergne et Galerie du jour Agnès B - 39 €
Dans la Death Valley et dans quelque désert californien, un mystère n’a jamais été éclairci : des blocs de pierres lourds comme des hommes se déplacent. Ils parcourent des dizaines de mètres sans que l’on ne comprenne comment, attendant parfois 5 ans entre deux mouvements. Dans Random, première bande dessinée d’Abdelkader Benchamma, de telles pierres apparaissent, se réunissent et forment un monument énigmatique. On assiste aussi à l’éruption puissante de geysers bouillonnants, avant de les voir se geler sur place par un vent pétrifiant. Plus loin, des éclairs, des lasers - malédiction du ciel - percent l’obscurité des ténèbres. C’est une apocalypse inversée, un Big Bang silencieux que l’on suit à travers ces pages au noir magnifique. Et le spectacle est grandiose, pharaonique. Les éléments se déchainent, se transforment, nous invitant à continuer la lecture rythmée par quelques plages de calme. Souvent, le regard est invité à zoomer au cœur des matières, rendant visible l’infiniment petit, avant de revenir crescendo à une scène monumentale.
L’apparition des hommes - petites silhouettes sorties d’un plan d’architecte - fait glisser, pour un court instant, le récit vers une forme plus convenue, comme si une fiction ne pouvait se passer de personnages. Ces humanoïdes donnent une échelle au monde dont on se serait bien passé.
Malgré cette brève apparition vite oubliée, on repart de plus belle dans les méandres de l’espace et du temps, jusqu’à l’explosion finale pour enfin se noyer dans un océan blanc immaculé.
Vers la pureté ou l’anéantissement de toute vie ?
Sa page sur le site de la galerie d'Agnès B
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France – 2014 – Breakdown Press – 12 £
LA BAIE DES MUTINS d’Antoine Cossé
France – 2014 – L’employé du Moi - 20,90 €
J’ai découvert le travail d’Antoine Cossé lorsque Mathieu des éditions LeMégot m’a prêté NWAI, récit nostalgique d’un amour brisé dont le narrateur ne dit rien sinon la douleur du manque.
La maison, personnage central de l’histoire, qui n’est autre que la mythique Villa Noailles - d’où le titre phonétique, à prononcer NWAï - est progressivement changée en ruine par l’homme solitaire. C’est avec une immense tristesse qu’il entreprend des gestes absurdes : peindre entièrement la villa au marqueur noir, vider la piscine et essayer de la remplir de pisse, briser tous les miroirs…- donnant au récit un certain lyrisme dans la déchéance.
L’imprimante Riso est ici déployée avec intelligence. Le noir et blanc au lavis, magnifié par la trame aléatoire de l’impression, symbolise le présent : maison déserte, solitude du narrateur. Dans des ronds colorés, parfaitement incrustés dans les décors, apparaissent les fantômes du passé sous les traits d’une jeune femme, faisant ainsi cohabiter simultanément deux temporalités.
Un couple de jeunes gens explorant la demeure vide, vient clore le récit, lui offrant une troisième et dernière saison.
Récemment l’auteur a sorti, en français cette fois, La baie des mutins aux éditions L’Employé du Moi. Si au fil du livre le récit devient plus complexe, la fin n’en devient que plus savoureuse. A nouveau, le rythme de la fiction est malmené, mais tout fini par s’emboiter parfaitement.
Il ne faut jamais se fier aux apparences. Sous un dessin qui peut sembler classique, Cossé expérimente, cherche de nouveaux chemins et crée ses propres systèmes de narration (utilisation dans une même histoire du noir et blanc puis de la couleur, cases dans la case, papier coloré …) et produit des planches admirablement composées.
antoinecosse.tumblr.com
breakdownpress.com
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Druillet rencontre Hergé ( Cliquez pour agrandir)
Druillet et Jodorowki
Druillet parle de Cabu (Cliquez pour agrandir)
Druillet tacle Mœbius
DELIRIUM - AUTOPORTRAIT de Philippe Druillet avec David Alliot
France – 2014 - Les Arènes - 17€
Je n’ai jamais vraiment lu les bandes dessinées de Philippe Druillet. Ado, j’ai pu être fasciné par son style mais je ne possédais qu’une version poche d’un de ses livres. J’ai lu il y a quelques mois son autobiographie, intrigué après l’avoir entendu à la radio couper sans arrêt la parole d’une journaliste et parler de lui à la troisième personne.
Je m’étais dit : c’est un homme qu’on aime écouter, dont on estime les dessins, mais qu’on n’aimerait pas connaitre. Delirium, sous-titré autoportrait conte la vie mouvementée du dessinateur.
Philippe Druillet est né de parents militants fascistes, qu’il détestera et dont il aura honte toute sa vie (sa mère lui vantait le charisme d'Adolf Hitler, entre autre). Il participe à l’aventure du journal Pilote et créé Métal Hurlant avec Jean-Pierre Dionnet et Moebius.
Homme au rythme de vie effréné (nuits blanches à dessiner, drogues, alcool, fêtes…), le dessinateur a une grande gueule et ne la ferme jamais. Moebius – qu’il traite d’enfoiré - lui aurait tout piqué. Excessif et ego maniaque (voir à ce sujet, Ennemis intimes de Werner Herzog sur la relation de ce dernier avec Klaus Kinski), il voit le monde à travers le bout de sa lorgnette malade. Son livre dépeint un personnage à la fois désagréable, indiscipliné, tête brûlée mais aussi obstiné, combattant et prêt à tout pour avancer.
L’ouvrage regorge d’anecdotes croustillantes et délirantes. On y apprend que Druillet a des dons de voyance, qu’il est un brocanteur de talent, qu’il a diné avec François Mitterrand « un sphinx qui a la puissance d’un Terminator ». On apprend aussi que sa bande dessinée Vuzz « est une adaptation de La vie au grand air de Reiser » ou qu’il a refusé de travailler sur les films Dune et Buck Roger, anéanti à cette époque par la mort de sa première femme, Nicole. En son hommage, il dessinera La Nuit (1975), bande dessinée devenue culte et rééditée en même temps que Délirium, l’année dernière.
Un autre jour, il annule un contrat avec des japonais sous les conseils de son producteur. Finalement, sortira la série San Ku Kaï « entièrement pompé sur mon travail » enrage t-il. Heureusement, il est le premier auteur à vendre ses dessins aux enchères, signe des décors d’opéra, des bijoux de luxe, des meubles (?) et George Lucas préfaça un de ses livres, suite à un simple coup de fil. Maigres consolations mais consolations quand même.
druillet.com
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LAPLANÈTE IMPOSSIBLE de Joseph Callioni
Suisse – 2014 – Atrabile – 19,50€
ERMIT de Marijpol
Allemagne – 2014 – Atrabile – 23€
LESDERNIERS JOURS D’UN IMMORTEL de Gwen de Bonneval & Fabien Vehlmann
France – 2010 (réédition 2014) - Futuropolis - 21€
J’avais envie de parler de 3 bandes dessinées de science-fiction qui m’ont intéressé cette année, mais je me rends compte qu’on m’en a emprunté deux et que c’est Jeremy Perrodeau qui m’avait prêté la troisième. En 2015, si on ne prête plus de films ou de disques, on continue à s’échanger les livres, c’est rassurant.
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Ce n’est pas le dessin qui m’a attiré dans Les derniers jours d’un immortel de Fabien Vehlmann et Gwen de Bonneval, mais la singularité de l’univers dans lequel évoluent les personnages.
Elijah travaille pour la Police Philosophique, dont le but est de régler les conflits entre les terriens et les espèces extra-terrestres n’ayant pas le même système de communication.
Il doit régler une guerre millénaire entre deux races qui menacent de bouleverser l’univers.
Mais comment comprendre les Ganédons, qui ne sont « que des êtres purement vibratoires, des ondes intelligentes » ? Elijah envoie ses clones sur d’autres planètes, croise son ami suicidé depuis un an, fait appel à une spécialiste qui étudie le comique préhistorique, les formes de communications les plus étranges. Des idées sans cesse renouvelées par le scénariste qui font oublier une conclusion un brin décevante.
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Dans Ermite de Marijpol, on choisit aussi l’heure de sa mort, et de quelle façon on va s’éteindre, grâce à une agence de voyage d’un genre nouveau. Bel espoir pour l’avenir! Marijpol entrecoupe ses récits de compositions étranges et semble avoir une passion pour les personnes âgées. C’était déjà le cas avec son premier livre, La roche au tambour.
Ici, dans le futur, la société est composée principalement de vieillards, les enfants y sont des objets de curiosités. La rencontre entre un de ces derniers, une tête sans corps candidate à la mort et l’ermite indécis, dont le métier est d’accompagner les futurs mourants, est au cœur de l’histoire.
J’ai trouvé au FOFF d’Angoulême 2015, une petite publication en couleur consacrée à la fête d’anniversaire de l’ermite (surprise party for an hermit). Marijpol semble n’en avoir pas fini avec l’étrange personnage au crane fendu en deux qui apparaissait déjà dans l’excellente revue Mould Map en 2011.
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Un dernier conseil de lecture SF: La planète impossible de Joseph Callioni. Il ne faut pas se fier aux costumes des cosmonautes qui de prime abord, semblent sortis d’un album de Mœbius. La ressemblance disparaît totalement à la lecture pour laisser place à un dessin fin et subtil, tout en pointillé. Vaisseau-coquillage, apparition de la vie, absurdité et fantaisie.
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J’ai l’impression d’avoir fait une sélection très orientée SF, alors que je n’en lis pas tant que ça.
Je voulais évoquer les deux albums de Simon Hanselman sortis chez Misma, mais la semaine dernière, j’ai lu le dernier dans un état fiévreux lors d’une nuit d’insomnie. Le malaise qui me poursuivit les jours suivant me fit conclure qu’on ne peut parler avec légèreté de Megg, Mogg & Owl. Peut-être une prochaine fois.
La compilation de courtes bandes dessinées de Gébé rééditée aux cahiers dessinées, J’ai vu passer le bobsleigh de nuit est un miracle, tout comme L’An 01, réimprimé à l’Association. Gébé : une cure au moins une fois par an.
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