mardi 9 septembre 2014
BRECHT VANDENBROUCKE
Sur Lezinfo j'ai eu l'occasion d'évoquer plusieurs fois le travail de ce dessinateur Flamand. Avec L'Articho on a exposé puis publier son travail dans notre revue.
Mais depuis tout ce temps bien que suivant son travail de près je n'avais pas pris le temps d'en reparler. Son album, White cube paru il y a quelques moi chez Actes sud me paraît être la bonne occasion pour lui poser quelques questions sur son travail et notamment sur cet opus qui opère un croisement malicieux entre art et BD.
D'où t'es venu l'envie de prendre comme sujet l'Art et sa critique ?
Parce que c'est un sujet qui m'intéresse et que je voulais explorer ce monde à travers la BD. Aujourd'hui tout le monde est critique d'art. Sur internet tout le monde donne son avis. J'avais envie de faire un livre là dessus.
Au départ White cube était un fanzine en noir et blanc. Dans une forme de BD plus classique. C'était important de lui donner une forme plus picturale ?
White Cube a commencé comme un zine et je savais que je voulais en faire une série. A l'époque je faisais de plus en plus de peinture et ça m'a donné de nouvelles idées, car ce médium apportait de nouvelles possibilités par rapport au sujet. Avec le coté picturale ça devient plus facile de se référer à certaines peintures et aussi de jouer avec la couleur.
J'ai l'impression qu'avec ce livre il y a la volonté de s'inscrire dans le modèle classique de la BD d'humour avec des gags en une planche comme Boule et Bill, Quick et Flupke, pour ne citer que des séries bien belges ?
Oui, j'étais inspiré par Quick et Flupke. J'aime bien ce format de bd courtes comme dans les journaux et les magazines. Mais hélas il n'y en a plus beaucoup des publications comme ça. J'aimerais bien que ce soit publié régulièrement dans la presse mais c'est difficile. C'est pour ça que j'ai commencé à publier ses pages sur internet. Sur le web les formats plus courts marchent bien et les histoires longues c'est mieux sur du papier.
C'est une BD sans texte, il y là, j'ai l'impression, comme une sorte d'antithèse de la critique d'art qui est par essence est très verbeuse. Ton idée c'est de faire la synthèse entre la critique d'art et Facebook ? Le "like" devient le seul discours critique possible en quelque sorte ?
Oui, le "like" c'est très simple. Mais je ça veut pas dire que j'aime pas ça. Je ne suis pas sur que soit nécessaire de parler d'art. Pour moi l'art ça n'a rien a voir avec la parole. C'est sentir. Et puis c'est trop subjectif, trop dépendant de tes références, de ta culture et de l'endroit d'où on vient. Quand je regarde une œuvre d'art, je sens si c'est quelque chose pour moi ou pas. Et je veux seulement parler des choses qui m'intéressent, la vie est courte. Et aussi, on ne peut pas changer l'opinion de quelqu'un. Jamais ! Surtout pas en discutant. Dans le meilleur des cas c'est les autres personnes qui changent par eux mêmes.
Comment est reçu ton livre dans le milieu de l'art ? Si tu as eu des réactions ?
Ah je ne sais pas. Je sais juste qu'une assistante de Marina Abramovich à acheter un exemplaire. Elle m'a dit qu'elle allait lui montrer. Donc j'ai peur maintenant.
Mais mon livre est pour tout le monde, pour qui veut le lire. Et je ne sais pas si il y a encore un truc comme le "milieu de l'art". J'espère qu’il y a des gens qui s'intéressent à beaucoup des choses, BD, peinture, théâtre etc... Mais peut-être je suis naïf.
On parle souvent d'une tradition de l'humour belge. Un sens de l'absurde qui serait typique à la Belgique et qui serait tout particulièrement développé en Flandres. Est-ce que cette tradition est une réalité ou juste un cliché et si oui comment tu situerais par rapport à cette tradition ?
Ha ! C'est difficile à dire. Mois je fais ce que moi j'ai envie de faire et ce que je trouve intéressant à dire. Aussi ce que moi je trouve drôle. Je n'ai pas un avis en particulier là dessus. Donc je ne sais pas. Mais oui, je suis sans doute un enfant de ce patrimoine, de cette culture humoristique.
Bien que très différente, ta bd m'a fait pensé a 2 auteurs qui ont mis en scène l'art dans leur dessins. Je pense à Glen Baxter et au duo Her Seele / Kamagurka. Je pense que tu apprécies leur travail ? Qu'est ce que tu peux nous dire sur eux ?
Oui bien sur ! J'aime leur travail. Beaucoup même ! Ils sont très sérieux et en même temps pas sérieux. Leur travail est beau et marrant, c'est parfait aussi bien au niveau de la forme que du contenu.
Est-ce qu'il y a des artistes dont tu aurais voulu parler dans ton livre, mais sur lesquels tu n'as pas réussi à trouver de "gag".
Ah mais il y a encore beaucoup d'artistes qui m'inspire pour continuer cette série. J'ai fait encore plein de pages après la publication du livre (par exemple avec Jacques Tati, Alexander McQueen et Rothko). Je ne veux pas me forcer, si j'ai une idée, je la dessine et je la poste sur l'internet. Mais Je ne pense pas de faire un deuxième album tel que 'White Cube". Par contre j'ai toujours envie de développer cet univers.
Tu semble beaucoup intéressé par l'idée du pixel. Tu représente souvent à la peinture des choses en pixel, icône de jeu vidéo ou des chose pixélisés.
Oui, j'ai envie de faire quelque chose de moderne et le pixel est visuellement représentatif de ça. Chaque image sur l'internet est fait de pixels. J'aime bien aussi l'abstraction contenue là dedans. Et c'est intéressant de le faire en peinture. Y'a un coté mathématique en plus du coté graphique. J'aime aussi le contraste que ça procure avec ma manière de dessiner.
Quel est ton prochain projet de livre ?
C'est un secret...
WHITE CUBE de Brecht Vandenbroucke
Actes sud - 24,80
brechtvandenbroucke.blogspot.fr
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